Vie quotidienne des gens de mer en Atlantique IX-XVI siecle

Vie quotidienne des gens de mer en Atlantique IX-XVI siecle

Mollat Du Jourdin Michel


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Gens de mer, qui sont-ils ? Autrefois on parlait aussi de gens d’armes d’où nous avons tiré gendarme, de gens de justice, de gens d’Église ; encore maintenant, les écrivains sont appelés gens de lettres. Ces formules font référence à une spécificité professionnelle. En ce cas, les gens de mer sont d’abord et essentiellement les hommes qui exercent le métier de marin. Telle est bien l’acceptation retenue au temps de Richelieu, fondateur de la Marine royale moderne, dans le Code Michaud (1629) du nom du garde des Sceaux Michel de Marillac, et dans l’Hydrographie du père Fournier (1643). Faut-il s’en tenir là ? Cartésiens, les juristes du XVIIe siècle ont peut-être restreint cette notion en la fixant dans une formule. En revanche, au XVIe siècle, de l’autre côté de la Manche, les Anglais, moins soucieux de la rigueur des expressions, définirent les gens de mer de façon plus ouverte et plus souple. Ils ajoutaient une signification sociale à la spécialisation professionnelle. Pour eux, d’après une ordonnance de 1540, sont gens de mer tous ceux dont l’existence dépend de la mer, à quelque titre que ce soit : ceux qui construisent et équipent les navires comme ceux qui pratiquent l’art et la science de la navigation ; ceux qui, en ville et à la campagne, travaillent pour la mer, fabricants d’apparaux, de voiles ou de cordages. L’ampleur de cette définition inclut donc les femmes qui œuvrent pour les vaisseaux. Elle englobe enfin les familles qui vivent du travail des marins. Les Anglais, conservateurs attentifs, ou routiniers, des réalités médiévales, ont peut-être témoigné ainsi de la pérennité d’une tradition. On pourrait en reculer la source jusqu’au temps de Charlemagne. Dans l’espoir de repousser les attaques normandes, l’Empereur appela les populations côtières dans leur ensemble, jusqu’à une certaine profondeur à l’intérieur des terres ; ces gens-là, on les désignait alors naturellement par un mot latin dont le sens est clair: maritimi. Plus tard, quand il fallut soutenir la guerre de Cent Ans, le même geste requit les habitants du littoral dans une zone de six lieues, ramenée à trois, ensuite à deux, au XVIe puis au début du XVIIIe siècle. Dans l’intervalle, les initiatives de Colbert, l’organisation des « classes », celle des Invalides de la Marine, concernèrent surtout les habitants des régions côtières et firent déjà bénéficier de mesures sociales les femmes et les enfants des « inscrits ». On ne déracine pas les marins de leur milieu naturel. Ils ne quittent un rivage que pour en trouver un autre et revenir à leur point de départ. La notion de port d’attache est forte. Sans doute, le marin débarqué songe à son prochain embarquement, mais lorsqu’il est en mer, il a la nostalgie des siens, de sa maison et de son lopin de terre, car souvent il n’est pas uniquement marin. Amoureux de son clocher, il espère trouver à ses pieds sa dernière demeure. Le milieu du marin doit donc être considéré simultanément en mer et à terre, dans la société d’où il vient et où il revient et dans l’espace géographique, terrestre et maritime, où s’exerce son activité commandée par la mer. Groupe professionnel, et non pas catégorie sociale, les gens de mer ne livrent les secrets de leur vie quotidienne que dans son environnement. Mais pourquoi s’en tenir à la zone atlantique ou, pour parler comme les marins de jadis, au Ponant ? Ponant veut dire Occident, et, pour la France, désigne l’Atlantique, la Manche et un petit secteur de la mer du Nord. Cette expression, consacrée par l’histoire, la Marine l’avait reprise avant 1939 pour distinguer les forces navales de l’Océan de celles de la Méditerranée. D’ailleurs, ni au point de vue géographique ni au point de vue humain, les mondes de l’Océan et de la mer Intérieure ne peuvent être confondus. La marée d’un côté, son absence de l’autre, les conditions météorologiques, les orientations des routes maritimes, les tempéraments, les parlers mêmes, diffèrent, surtout au Moyen Age. Ainsi, nous en tenant aux rivages occidentaux et nord-occidentaux de la France, nous y considérerons les gens de mer dans l’ensemble de leur environnement social, et pendant un grand millénaire (VIe-XVIe siècle) : n’est-ce pas suffisant ?
Ean / Isbn
978201005284
Pagine
261
Data pubblicazione
01/01/1983