Toutes les légendes que j'ai lues ou entendues sur la mer me semblent de cette teinte : bleu naufrage ; d'un tragique outremer. Le bleu, le bleu, le bleu... Comme dans Stéphane Mallarmé : Je suis hanté. L'Azur ! L'Azur ! L'Azur ! L'Azur ! Les mythes, les récits, les légendes de la mer ont ce côté mouvant qui inquiète nos corps et nos esprits conditionnés par la stabilité de la terre ferme. Dans l'eau, les formes paraissent indécises, sans plan ni architecture. Elles manquent de permanence. Nulle ne s'attarde, aucune n'est jamais nette. Le clapotis, la houle et les vagues, le roulis et le tangage empêchent l'oeil de cadrer, de prendre des repères, de faire le point. Est-ce ovale ou serpentin ? Éloigné ou proche ? La mer est une ballerine immense. Et une créatrice d'illusions... On la contemple. Quelque chose bouge. Est-ce une lame ou un dauphin ? Un tronc d'arbre ou un dragon ? Un écueil ou Léviathan ? Parfois, je laisse glisser ma rêverie jusque dans la coquille Saint-Jacques ou le bénitier rejetés par le ressac. J'y vois naître à nouveau, dans sa gloire amoureuse, Aphrodite en personne, le corps emperlé de gouttes ; dans ses yeux, le bleu du large ; sur ses lèvres, la nuance du corail. L'infini liquide, comme un rêve...
Data pubblicazione
01/10/2004